mardi 5 août 2014

Le rucher de Mobeelity a vécu son premier essaimage


La ruche la plus active du rucher (n°1) a connu une crise du logement cet été. Lorsqu’une ruche se développe fortement et rencontre des difficultés pour entreposer le miel, l’essaim décide d’essaimer. La population de l’essaim va ainsi être divisée par deux. Une manière radicale pour régler cette crise.
L’essaimage est tout à fait naturel, c’est même la voie naturelle de reproduction de l’espèce.
L’essaimage débute par la mise en chantier de quelques reines. Pour élever ces reines, les ouvrières fabriquent alors plusieurs cellules royales.

Mobeelity SYSTRA
Une cellule royale ouverte de la ruche n°1
En temps normal, la reine empêche le développement de ces cellules royales (après tout, c’est elle la reine !). Mais en temps de crise, la survie de la communauté reprend le dessus.
Peu avant la naissance des jeunes reines, la « vieille » reine décide de quitter la ruche avec la moitié de la colonie (soit environ 20-30 000 abeilles dans notre cas) et de trouver un autre refuge.
Des éclaireuses proposent alors plusieurs sites. Une décision est ensuite prise par la communauté quant à l’emplacement idéal. La reine seule décide ? Une concertation des « sages » est organisée ? Nul ne le sait.
De plus, sur la moitié d’essaim quittant le navire, la proportion de chaque caste est conservée (les nourricières, butineuses, productrice de cire, etc.). Ainsi les deux « nouveaux » essaims seront directement opérationnels.
Juste avant le grand départ, les abeilles font des provisions de miel pour quelques temps (pour la route et les premiers moments de la future ruche).
Les abeilles restées au bercail ne demeureront pas longtemps orphelines. Les jeunes reines sont sur le point de naître. La première à sortir de sa cellule royale devient la nouvelle reine. D’ailleurs, elle affirme sa suprématie en « rectifiant » toutes les autres jeunes reines.
Au bout de plusieurs jours, la nouvelle reine peut enfin s’envoler pour son vol nuptial. Durant ce moment unique, elle va se constituer sa spermathèque pour toute sa vie, soit 4 à 5 ans.
La « cellule primaire » s’est ainsi divisée en deux, la régénération de l’espèce est assurée.

dimanche 3 août 2014

Cueilleur d'essaims


Peut-être vous êtes-vous retrouvé nez à nez avec un essaim d’abeilles chez vous ou chez des amis. Voici une très belle opportunité pour élargir son cheptel ou bien débuter une activité apicole.
Si c'est une activité nouvelle pour vous, l'idéal serait de faire la première récupération avec un apiculteur ayant déjà pratiqué. Sinon, voici quelques suggestions ou recommandations.


Tout d’abord, avant de vous déplacer, assurez-vous qu'il s'agit bien d'abeilles. En effet, des insectes à dominante jaune avec des rayures noires, ce sont sûrement des guêpes. Des insectes qui sortent de terre, ce sont probablement des abeilles solitaires.

Ensuite, intéressez-vous à la taille de cet essaim, sa hauteur en centimètres ; puis sa localisation : une haie, dans un arbre (à quelle hauteur), dans une cheminée, une poubelle, une niche à chien, derrière un volet etc...Vous pourrez alors déterminer le choix du matériel à apporter. Dans tous les cas, le matériel de base, sans compter votre équipement personnel, doit comprendre un pulvérisateur d'eau, un sécateur, une ruchette aérée avec des cadres de cire gaufrée, un liquide de nourrissement, éventuellement un escabeau.



Lors de votre arrivée sur les lieux, la première chose à faire est de pulvériser un peu d'eau sur l'essaim de manière à le fixer, et ainsi l'empêcher de partir. En effet les quelques fines gouttes d'eau sur les ailes des abeilles gênent momentanément leur envol. Ensuite prenez votre temps pour établir la stratégie de récupération de cet essaim. Jouez si nécessaire du sécateur. L'objectif est de le récupérer dans sa totalité, avec la reine bien entendu. Insérez ensuite délicatement les cadres une fois les abeilles à l'intérieur. N'oubliez pas que la reine est l'individu essentiel ! C'est pourquoi il faut examiner avec attention les quelques amas d'abeilles qui se regroupent ici ou là. Observez : si des abeilles battent le rappel sur l'aire d'envol, c'est bon signe. Nourrissez avec 50% eau, 50% sirop. Le mieux ensuite, est de laisser la ruchette sur place jusqu'au soir. Toutes les abeilles finiront par rentrer, à condition bien sûr que la reine soit à l'intérieur. L'affaire est jouée !



Pierre ARCHAMBAULT, apiculteur en Bretagne. Pierre nous conseille dans nos décisions importantes sur le rucher.

Les arbres et le miel de Paris

Toujours de l'excellent site de la ville de Paris


Les Arbres et le miel de Paris


Flickr - wgbalrog
[27/02/2013]
Les arbres contribuent largement au bien-être des abeilles, notamment en zone urbaine. Principaux arbres mellifères parisiens et  calendrier de leurs floraisons.
 fleur de pissenlit Fleur de pissenlit
Toutes les fleurs ne conviennent pas aux abeilles des villes
Mème si on trouve en ville une multitude de parterres, de terrasses ou de balcons fleuris les formes végétales utilisées ne sont pas toujours très attractives pour les abeilles. La plupart des pelouses sont régulièrement tondues, ne laissant pas le temps aux plantes herbacées comme les pissenlits, les trèfles blancs et bien d'autres espèces aimées des abeilles de produire des fleurs.
Soucieux de préserver la biodiversité les jardiniers municipaux laissent quelques espaces se transformer en prairies naturelles mais cela ne suffit pas a fournir le nectar nécessaire à la fabrication du miel.
 
Les arbres source de nourriture pour les abeilles
Abeille butinant une fleurAbeille butinant du pollen 

La ville de Paris gère une immense forêt constituée des 180.000 arbres qui peuplent les parcs et les jardins publics, le bord des rues et des avenues, les cours d'écoles ou les cimetières auxquels il faut ajouter les quelques 300.000 sujets des deux poumons verts que sont les bois de Boulogne et de Vincennes.

Il faut y adjoindre les arbres et arbustes des jardins privés où la végétation est également abondante : résidences, ministères, hôpitaux ou communautés religieuses... Toutes ces plantes fleurissent abondamment et bon nombre d'entre elles sont de bonnes productrices de nectar et de pollen.

Thierry Duroselle, de la Société Centrale d'Apiculture, a établi un calendrier des floraisons les plus prisées des abeilles parisiennes. "L'apiculteur doit devenir un peu botaniste et chercher à identifier les principales sources de fleurs où ses abeilles peuvent aller butiner"explique-t-il.

Calendrier de quelques floraisons remarquables pour les abeilles à Paris.
 Mahonias Fleur de mahonias
En début d'année
 Les températures ne poussent pas vraiment les abeilles hors des ruches, sauf bien sûr pour les vols de propreté. Mais dès la deuxième moitié de janvier par temps très doux on peut voir rentrer quelques pelotes de pollen.
Car il y a des fleurs notamment les mahonias (Mahonia x media) aux feuilles piquantes qui montrent dès janvier leurs panicules jaunes, les viornes aux petites fleurs groupées ou le jasmin d'hiver.

Dès février

Les abeilles s'enhardissent car la reine recommence à pondre et les besoins de nourriture fraîche se précisent. Aux mahonias et viornes déjà évoqués s'ajoutent progressivement les cornouillers (Cornus mas & officinalis) aux petites fleurs jaunes si caractéristiques,le saule marsault aux chatons jaunes, véritables aimants à abeilles et les noisetiers.
 
Saule pleureur  

Saule pleureurA partir de mars
Les longs chatons mâles des noisetiers disparaissent progressivement. Les saules pleureur, les cornouillers forment un premier bataillon auquel il faut ajouter certainement le buis (Buxus sempervirens).
C'est un arbuste cultivé pour son feuillage persistant soit comme arbuste de sous-bois ou comme plante taillée dans les « jardins à la française ».
Il présente de discrets petits groupes de fleurs verdâtres à l'aisselle des feuilles que les abeilles apprécient. A la fin du mois, on voit apparaître les premières rosacées comme les abricotiers, les pêchers et les cerisiers ornementaux.
 Fleurs de cerisiers
Fleur de cerisier En avril

C'est la pleine saison des rosacées fruitières, ornementales ou sauvages comme les pruniers, les cerisiers et les merisiers puis un peu plus tard les pommiers et poiriers. C'est alors un festival de fleurs allant du blanc au rose soutenu.
Certaines variétés sont plantées pour leurs floraisons précoces et abondantes. Toutes sont largement visitées par nos abeilles mais aussi par les premières abeilles sauvages comme les osmies et certaines espèces de bourdons.

A peu près au même moment apparaît la puissante floraison des marronniers (marronnier d'Inde aux fleurs blanches et les hybrides aux fleurs rouges). Ce sont des arbres majestueux que l'on trouve soit isolés dans les jardins soit en alignement le long de nombreuses avenues.

Il faut y ajouter les érables aux floraisons discrètes : de petites grappes de fleurs verdâtres qui selon les espèces s'étalent de mars à fin avril. J'ai pu observer fin mars un érable « negundo » dans le jardin Eloïse et Abelard (13e) dont les fleurs, en grappes plumeuses, étaient couvertes d'abeilles. L'érable sycomore, plus tardif, se rencontre dans certaines friches comme les pentes de la petite ceinture.

Fleurs de robiniers  Fleur de robinierAu mois de mai Arrivent les robiniers (faux-acacias) aux grappes de fleurs blanches très odorantes. Il faut aller au Jardin des  Plantes pour saluer les descendants des premiers plants ramenés par la famille Robin au début du 17e siècle.

A Paris il a été planté dans de nombreux endroits comme arbre d'alignement (partie haute du boulevard de l'Hôpital par exemple). Mais il est aussi très opportuniste et il s'est naturalisé dans certaines friches anciennes.

 Fleurs de tilleul
Fleur de tilleulEn mai et juin Les tilleuls prennent la relève et apportent aux ruches du nectar et du pollen en abondance. Plusieurs espèces sont utilisées en alignement, offrant ainsi une large plage de production car certaines sont plus précoces que d'autres. Mais à cette époque de l'année on trouve aussi d'autres arbres plus discrets, aux floraisons abondantes qui enrichissent les miels de  saveurs particulières. Les ailantes (faux vernis du Japon) en sont un bon exemple.

Leurs fleurs en longues grappes crème se transforment peu à peu en gros bouquets de samares d'abord rouges puis bruns à l'automne. C'est un arbre robuste que l'on rencontre aussi bien en plantation d'alignement que dans le moindre petit bout de terrain en friche. Il y a aussi le savonnier (Koelreuteria paniculata) qui produit de grandes panicules de petites fleurs jaune moutarde.

C'est un arbre d'ornement de très bel effet, planté seul ou en petits bouquets d'une douzaine d'individus dans de nombreux endroits.

On l'appelle aussi l'arbre aux lanternes car, à l'automne, les fruits forment de petites lanternes brunes contenant trois graines noires. Par une belle matinée de fin juin, j'ai pu observer ceux qui se trouvent à l'angle de la rue Vieille-du-Temple et de la rue des Francs-Bourgeois (4e),ils étaient butinés par des centaines d'abeilles.
 Cedrela sinensis
Fleur de cédrèle En juillet

apparaissent les cédrèles (Cedrela sinensis) ou « acajou de Chine », que j'ai confondu un temps avec les sophoras en raison de leurs feuilles composées, de leur écorce rugueuse et de leur très beau bois rouge.

On a  pu observer les longues panicules de petites fleurs blanches bisexuées à l'odeur de miel sur les arbres qui bordent l'avenue des Gobelins. Les abeilles étaient bien sûr au rendez-vous.

 Fleurs de sophoras
Fleurs de sophorasen août

vient le tour des fameux sophoras (Sophora japonica) qui produisent de grandes panicules de fleurs jaunâtres. Il  y en a de nombreux en alignement dans Paris comme celui de la rue d'Alésia (14e) ou plus spectaculaire encore celui du boulevard Bourdon qui borde le port de l'Arsenal (4e).

Les années de belles floraisons, les abeilles qui raffolent de ces fleurs papilionacées n'hésitent pas à butiner celles tombées au sol et qui forment par endroits de beaux tapis jaunes.

Fleur de lierre
Fleur de lierreEn septembre/octobre
alors que se termine la floraison des sophoras,le relais est pris par le lierre, très commun dans Paris.
En effet, beaucoup de murs ou d'arbres un peu âgés supportent ses longues lianes qui peuvent servir d'abris pour les oiseaux nicheurs comme le troglodyte mignon.


 la variété des espèces plantées, formant une véritable forêt urbaine, permet un large étalement des floraisons et contribue à éviter les ruptures dans la production de nectar et de pollen tout au long de la saison apicole.
 En cas de disette, les miellats
Durant les mois d'été il faut ajouter la production de miellats riches en sucres et en protéines, issus des excréments liquides des insectes suceurs de sève (pucerons ou cochenilles). Les abeilles peuvent collecter ces miellats en complément ou en remplacement suivant l'abondance des fleurs et les conditions climatiques. A Paris, l'année de la sécheresse (2003) a été remarquable de ce point de vue.

La chaleur excessive a tari la production de nectar. Mais les abeilles ont continué à produire un miel épais et sombre typique d'un miellat de forêt. La production de miellats contribue ainsi à diminuer les risques de disette pour les abeilles.
Ce calendrier des floraisons dans Paris, loin d'être exhaustif compte tenu de la grande variété des espèces plantées, souligne le rôle irremplaçable des arbres et des arbustes pour les abeilles. Cette véritable forêt urbaine, offre un large étalement des floraisons et contribue à éviter les ruptures dans la production de nectar et de pollen tout au long de la saison apicole. Ceci contraste avec bien des campagnes environnantes de plus en plus dépourvues de cette richesse végétale. Elle contribue également à renforcer les qualités organoleptiques des miels urbains.